Alice dans sa poussette (1)

Tous les jeudis matins c’était la même routine, sortir du train, traverser le grand Hall, avec en haut le tableau avec les horaires. Des lettres et des chiffres en jaune qu’elle ne comprenait pas  mais qu’elle trouvait jolis vus d’en bas. Elle voyait les gens en retard courir, ceux à l’heure marcher d’un pas décidé. Sa petite tête tournait à gauche et à droite, séduite par les valises qui passaient rapidement, les porteurs dans leur uniforme, les décorations de Noël au plafond qui brillaient de dizaines de lumières bleues.

Le rêve du petit robot (2)


Il voulait être autre chose que ça. Autre chose que cette routine: se lever,  déjeuner, reconduire les enfants à l’école, se rendre à l’usine ou au siège social pour des réunions, planifier, prendre des décisions automatiquement;à tout instant, faire ce qu’on attendait de lui.

Intermède

Ce soir, je ne suis pas allée au yoga. Il y a des jours comme ça.

Hier, j’ai rencontré la prof de Fiston. « Pas des mauvaises notes, mais avec l’intelligence qu’il a, on devrait s’attendre à beaucoup mieux. » Ça m’a gardé éveillée une partie de la nuit. Moi les potentiels inexploités, ça m'empêche de dormir.

Le rêve du petit robot (1)

Il était monté parmi les derniers, s'était assis à côté de moi, le Ipod vissé aux oreilles, les yeux tournés vers son Blackberry, et avait continué sa journée de travail comme si le train était devenu une extension de son bureau.

Je n'avais pu m'empêcher de remarquer cet homme en complet cravate qui pitonnait à côté de moi. Sa vie me rappelait un peu la mienne. Un petit paquet de cartes d'affaires dans la pochette m'avait informé de son nom: Daniel Stark.  C'était aussi le prénom qui ponctuait la longue litanie de messages envoyés pour terminer la journée d'aujourd'hui et amorcer celle de demain.

Une histoire d'amour en bleu et jaune

La première fois qu'il l'avait vue, c'était un après-midi de printemps.  Il avait remarqué les draps qu’elle étendait sur la corde à linge, des draps à fleurs jaunes et bleues et s'était dit: « Tiens, le beau temps arrive ».

Novembre et la mort

Je n'ai jamais aimé le mois de novembre.  C'est gris, c'est triste. Pourtant, aujourd'hui, le soleil est sorti, ça ressemble à une journée d'octobre, mais c’est comme si  mon esprit avait décidé que c’était novembre et qu’il fallait rester à l’intérieur.  Le mois de morts, on dit.   Et pour faire exprès, je vais à des funérailles, moi qui ne suis pas allée à des funérailles depuis 14 ans.