C'est le début de quelque chose...

Elle sera là, dans quelques heures.  Toute neuve comme la première page d'un cahier d'écolier.   Je l'attends avec confiance.   Je ne sais pas ce qu'elle me réserve, mais je le reçois avec fébrilité.

Pour dire au revoir à 2011 et accueillir 2012, je me suis acheté pas un mais deux nouveaux cahiers. Un avec des lignes pour écrire, des histoires, des poèmes, mes joies et mes chagrins, et parfois aussi, ma liste d'épicerie.  Un cahier où je me donne tous les droits, gribouiller,  sauter une page ou même commencer par la fin.

Rue Sainte Catherine, 29 décembre

Père Noël,

Il faisait vraiment froid cet après-midi.  Pourtant, la rue Sainte Catherine était noire de monde. J'ai marché longtemps.  De Ogilvy jusqu'au La Baie en regardant chacune des vitrines sans entrer nulle part.

26 décembre

Rose avait mis de l'eau à bouillir pour se faire un thé.   Dans l'appartement au-dessus, elle entendait les enfants courir.  Les valises déposées dans l'entrée.  Les parents qui criaient, "Arrêtez de courir, vous allez déranger Madame Lemieux".   Les pas qui arrêtaient, puis repartaient.   Les Gignac venaient d'entrer de Trois-Rivières avec leurs enfants.  Demain, les enfants profiteraient de leur congé pour venir lui quêter quelques bonbons et lui apporter quelques dessins qu'ils auraient faits pour elle.

Mon sapin de Noël

Je l'aime mon sapin.  Il contient toute notre histoire.  Des premières boules que j'ai achetée quand je suis partie vivre en appartement, que j'avais choisi fragiles parce que pour la première fois elles étaient à moi, et que je me donnais le droit de les casser, il ne reste que 4 ou 5, mais elle me rappellent cette époque de ma vie, quand j'ai commencé à apprendre à vivre pour moi, en comprenant que pour atteindre le bonheur, il faut parfois casser certaines choses plus fragiles.  Il y a la crèche et les petites décorations achetées au Mexique à l"époque où j'y ai vécu et connu Mon Homme, il y a le petit village illuminé, acheté lors des premières années de couple, je ne me rappelle plus où, mais je me rappelle que je les avais achetées en me disant qu'il enchanterait mes enfants qui n'étaient alors qu'un projet.

C'est Noël dans ma tête.

Dimanche matin, la maison est calme, je pense à Noël. L’an dernier, on a loué un chalet dans les Cantons de l’Est pour 1 semaine. Un de nos plus beaux Noëls, peut-être le plus beau de tous.  Cette année, on a décidé de ne pas louer de chalet, et de passer Noël à Québec avec la famille. Il y a quelques jours, je me demandais comment je réussirais à faire de celui-ci un Noël aussi agréable.

Je me suis fait un cadeau pour Noël

On le dit souvent:  Noël est un fête commerciale, Noël a perdu son sens. Le Père Noël n'existe pas.  Facile à dire tout ça, dans nos belles maisons chauffées, devant nos ordinateurs avec nos familles pas toujours parfaites, mais des familles qui nous aiment et qui sont là pour nous.

C'est fini.

Pieds nus sur le carrelage de la cuisine, Anne avait commencé par regarder  les gouttes de café qui tombaient dans la cafetière avec un petit bruit mouillé. Plouc, plouc, plouc. Elle avait choisi la tasse bleue, l’avait remplie de café aux deux tiers, avait ajouté le sucre en observant les grains qui disparaissaient un à un dans l’abîme obscur, puis avait versé le lait jusqu’à ce que le liquide atteigne un brun doux et voluptueux.

Alice dans sa poussette (3)


Les jeudis, Benoît et sa fille faisaient ensemble mais séparément le parcours qui les menait à la garderie. Lui, faisant tout ce qu’il pouvait pour ne pas penser à Jeanne, elle, observant le monde qui s’offrait à ses yeux.  Le jeudi était le jour où la garderie devenait le terrain neutre où Alice était échangée comme un prisonnier de guerre. Son père l'y laissait le matin, avec sa petite valise  et un carnet de bord où se trouvait les informations de base, ce qu’elle avait mangé, les invitations à des fêtes d’anniversaire qu'elle avait reçues, la fièvre ou la toux qu'elle avait eue. Le soir, sa mère venait la chercher pour la garder une semaine.   Le jeudi était le dernier espace où leur vie commune apparaissait pour un instant fugace.

Alice dans sa poussette (2)

Cette histoire est la suite de Alice dans sa poussette (1)

Les jeudis, Benoît dirigeait agressivement la poussette dans le grand Hall, près du comptoir de gâteaux, du magasin d’articles de cuisine et du fleuriste. Il avançait, le dos droit, en regardant devant lui et en faisant des efforts gigantesques pour ne pas regarder Alice dans les yeux.  Arrivé près du grand escalier, il demandait à l'enfant de descendre de la poussette, la tenant avec une main, en montant l’escalier il lui disait, les yeux loin d'elle et mais sans prononcer son prénom: « Viens ma grande, on s’en va à la garderie ».