Le droit de vivre sa vie....

Le verdict vient de tomber suite au procès des Shafia:  trois coupables de meurtre au 1er degré.  Et moi, à qui on reproche souvent de vouloir prendre la défense de n’importe qui, de parfois vouloir défendre l’indéfendable, et bien cette fois, je suis bien contente de cette décision.

Le serment de Guillaume

Guillaume était sorti nu-tête malgré le froid. Nathalie aurait crié. « Mets ta tuque, tu vas te geler les oreilles ». Il avait démarré la voiture et attendu un peu que la vitre dégivre pendant que la radio lui remplissait la tête d’une musique assourdissante parfaite pour l’empêcher de penser.


Il y aura toujours un peu de bleu

Le bonheur s'était installé un jour doucement, par tous les pores de son appartement, avec le soleil par la fenêtre, avec le vent par la porte. C’était arrivé par surprise, quand elle s’y attendait le moins, un matin, Johanne s’était levée, s’était fait un café dans la cuisine silencieuse, et avait compris qu’elle avait tout ce dont elle avait besoin pour être heureuse.


Les nouvelles bottes de Martha

Le bruit de ses pas avait tiré Martha de sa rêverie. Elle ne se rappelait pas avoir jamais entendu ce bruit. Ce n’était pas le "crac crac" de la glace qui casse, ni le "slouche slouche" de la neige fondante. C’était quelque chose de plus subtil comme le bruit de la poudre qu’on frotte sur une peau sèche, swouche, swouche. Un bruit de neige comprimée par le froid et les pas. Elle pensait à ses amies de Lima et se disait, qu’elles ne connaissaient certainement pas les variations du bruit de la neige.


Je t’attendrai ce jour-là

C’était le premier lundi après le congé les Fêtes. Les autobus jaunes avaient recommencé à sillonner les rues de la banlieue. À la gare, une lente procession de paletots gris, de manteaux beiges,de vestes noires, sortait de chacun des escaliers menant aux trains urbains. La vie de tous les jours recommençait, dans toute son étroitesse, dans toute sa répétition, dans tout son confort. La salle des pas perdus de la gare se remplissait et se vidait comme contrôlée par la respiration d’un géant endormi.


Ça commence pour vrai

Ça y est. L'arbre est défait, à sa place, trône une plante d'intérieur. Comme avant. Ce soir, on mange un rôti de porc qui goûte la routine de l'hiver,  un foie gras poêlé, dernier luxe du temps des Fêtes et une bûche, déjà en spécial à l'épicerie. Et puisqu'il faut faire durer le plaisir et que du foie gras sans alcool c'est un sacrilège, il y a un petit vin blanc et un sauterne au frigo. Je me gâte jusqu'au bout. Je m'étais promis de garder l'état d'âme du chalet de l'an passé tout en restant à la maison et j'ai réussi.

Une amitié comme un naufrage (2)

Ceci est la suite de Une amitié comme un naufrage (1)

La soirée s’était déroulée comme des dizaines de soirées du genre, dans un restaurant choisi par Sylvie, clinquant, de ceux qu'on croit à la mode parce que la musique y est bruyante, les serveurs tutoient les clients et le menu propose des plats avec des noms en langue étrangère.


Une amitié comme un naufrage (1)

Trois fois elle était ressortie de la cabine. « Et ça? comment ça me va ? » François répondait invariablement « T’es belle. Comme toujours. » Il gardait son calme. Madeleine allait souper avec Sylvie. Ça lui arrivait tous les 6 mois et, à chaque fois, sa femme, si calme, si posée, perdait ses moyens.

Juste ça

À la SAQ, nous sommes quelques-uns à aller acheter une bouteille pour une dernière célébration des Fêtes. À la caisse à côté de moi, une dame dans la soixantaine, manteau d’hiver un peu fané, les cheveux bien coiffés, discute avec la caissière. Le ton monte.