Le cahier bleu (20) - Planter ses racines

Ceci la suite de Le cahier bleu (19) - Comme une envie de poutine

Mercredi le 29 août

Chère Véronique, chère moi,

Montréal. C’est ici que je termine mon cahier, c’est ici que je reprends ma vie où je l’avais oubliée. Je suis rentrée hier soir. Mon appart, me semble immense. Il était trop petit pour une femme en attente de l’homme qu’elle aime, mais pour une célibataire avec un grand chien blond, il est parfait.


Le cahier bleu (19) - Comme une envie de poutine

Ceci est la suite de Le cahier bleu (18) - Les adieux du Fou de Bassan

Mercredi le 29 août, midi

Je me suis arrêtée à Saint Nicolas juste après Québec, pour manger une poutine avant de reprendre la route. Assez pertinent comme choix de nourriture, puisque de toute façon j’ai envie de vomir.

Ça m’a pris en quittant Rimouski. Un goût amer dans ma bouche, la réalisation soudaine que j’avais été trompée, que j'étais moi aussi tombée dans le panneau de ton calme, de ta facilité,  de son calme, de sa facilité.  Tout le monde le vante. "Frédéric, c’est comme un canard, tout lui coule sur le dos". Moi aussi, j'y ai cru à Frédéric le noble, Frédéric le conciliateur.


Le cahier bleu (18) - Les adieux du Fou de Bassan

Ceci est la suite de Le cahier bleu (17) -Entre mer et forêt

Assise dans ma chambre d'hôtel, je sors enfin mon journal. J'ai quitté Gaspé hier, et je n'ai pas osé sortir mon cahier bleu depuis que j'ai décidé de ne plus t'écrire.  Tu vois, je reviens à toi. Ton visage apparaît encore de temps en temps, au détour du chemin, mais de moins en moins, Le plus difficile reste à me séparer de l’image que j’avais de nous, de moi, dans ce nous.  C'est peut-être pour ça que j'ai de la misère à écrire sans te parler, comme si écrire pour moi me demandait un trop grand effort.


Le cahier bleu (17)- Entre mer et forêt

Ceci est la suite de Le Cahier bleu (16) - L'odeur de la mer
Lundi le 27 août, très tôt

Je me suis levée à l’aube, pour m’imprégner une dernière fois de cette vue et de sentir en moi cette énergie de montagne et de mer et m’en inspirer pour les prochaines étapes de ma vie.


Le cahier bleu (16) - L'odeur de la mer

Ceci est la suite de Le cahier bleu (15) - Les Fous de Bassan

Dimanche le 26 août, 11 heures le soir

Louis Charles vient de partir. Il a passé la nuit ici. On a fait l’amour. Je ne trouve pas d’autres façon d’expliquer simplement cette soirée. Tu sais quoi? Je viens de m’apercevoir que je ne savais pas ce que c’était faire l’amour avec le corps seulement. Laisser la tête au salon, avec les livres et le chien. Se toucher, lentement, longuement, avec les yeux, avec les mains, avec la bouche et sentir dans nos corps cette vibration comme une musique.

Le cahier bleu (15) - Les Fous de Bassan


Ceci est la suite du Cahier bleu (14) - Présences

Samedi le 25 août.

Aujourd’hui j’ai appris quelques chose: les Fous de Bassan, c’est comme la rose du Petit Prince, quand il y en une seule, elle devient unique, quand elles sont des milliers, ils sont comme n'importe quel autre oiseau.

Avant même de les voir, je les ai entendus. Comme le claquement de milliers de machines qui grincent, d’appareils de radio qui changent de fréquence sans jamais trouver de poste, comme une foule enragée qui piétine. Un bruit qui montait et qui venait me troubler de plus en plus à mesure que je m’approchais. Puis, j'ai senti l’odeur.  Une odeur puissante de poulailler mal entretenu, et, pour aller avec, de mouches.  Des milliers de mouches plus petites que celles qu'on retrouve chez mais qui se trouvaient partout, sur moi, sur les affiches, sur les caméras des visiteurs, partout.

Le cahier bleu (14) - Présences

Ceci est la suite de Le cahier bleu (13) - Se jeter dans le vide

Vendredi le 24 août
Je viens à peine de me lever, il est 10heures. J’ai dormi d’un sommeil de plomb. Je me réveille avec le souvenir furtif de mes rêves. Rien d'assez concret pour que je puisse le raconter ici, seulement une vapeur qui traîne, une impression vague d’avoir rêvé de Fous de Bassan, de leur vol magnifique et de leurs chutes dans le vide. Je me demande même si je n’ai pas rêvé que je volais, parce que je sens dans mes jambes et dans mes bras une douleur. Mais bon, c’est peut-être simplement le fait d’avoir marché toute la journée hier en portant un sac à dos.


Le cahier bleu (13) - Se jeter dans le vide

Ceci est la suite de Le cahier bleu (12)

Gaspé, le 23 août, 22h00
Une magnifique journée que je termine, le coeur barbouillé d'émotions.  Je reviens de visiter le Parc Forillon, et puisque ça t'intéresse probablement, mon Frédéric, oui, j'étais avec Louis Charles, le peintre que j'ai rencontré hier, à l'Anse au Griffon.

Le cahier bleu (12) - Voir du beau

Ceci est la suite de Le cahier bleu (11) - Ni la mer ni la forêt, un peu des deux

Gaspé, mercredi le 22 août, 23h00

J’écris à la lueur d’une chandelle avant d'aller dormir, pour capturer cette soirée alors qu’elle est fraiche à ma mémoire. Je reviens d’une soirée passée à l’Anse à Griffon avec Eve Daignault, une amie que je n'avais pas vue depuis l’université. Elle vit ici depuis plusieurs années et je me suis dit que ça serait peut-être une bonne idée de sortir de mon cocon pour voir du monde.

Le cahier bleu (11) - Ni la mer ni la forêt, un peu des deux

Ceci est la suite deLe cahier bleu (10) - Enfin arrivée

Gaspé,  21 août

Trois jours sans écrire. Trois jours sans t'écrire.  Trois jours sans raconter mes journées en t'imaginant à mes côtés.

Ce n'est pas qu'il ne se passe rien d'important.  Oh, non! Au dedans ça bouge, ça roule, ça tourne. Mes journées sont rondes et pleines.  Mais je n'ai plus envie de te les raconter.  Comme si, je risquais de leur enlever de la valeur en te les décrivant.  Comment veux-tu que je te parle de ce ciel qui change d’heure en heure de cette eau qui varie selon, les marées, le vent, la couleur du ciel et de cette brume qui apparait quand on s’y attend le moins,  qui est tantôt lourde comme un manteau d’hiver, tantôt légère et fugace comme un châle de dentelle?  Comment veux-tu que je te parle de ça, alors que tu n'es pas avec moi, que tu ne l'as jamais été.


Le cahier bleu (10) - Enfin arrivée

Ceci est la suite de Le cahier bleu (9) - Divagations

Gaspé, 19 août 

Assise face à la Baie de Gaspé, je sirote mon café en écoutant le bruit des vagues et le cri des mouettes. C'est mon deuxième matin ici, et déjà je me sens chez moi. 

Le cahier bleu (9) - Divagations

Ceci est la suite de Le cahier bleu (8) - Un vent de mer

Carleton-sur-mer, 17 août en après-midi.

Déjà cinq jours que je suis partie, pas d’ordinateur, pas de téléphone intelligent, rien que ce cahier bleu qui m'accompagne et dans lequel j’écris.  Je ne me suis pas regardée dans un miroir depuis mon départ. C'est mieux comme ça. Je préfère me fier à ce que je sens au-dedans.  J'ai trop peur que la fille dans le miroir ressemble à celle des photos, celles où nous sommes tous les 2, moi essayant d'être heureuse, toi essayant d'être présent. Je ne veux plus être elle.


Le cahier bleu (8)- Un vent de mer

Ceci est la suite de Le cahier bleu (7) - Après une nuit de pluie

Carleton sur mer - 17 août

Je suis arrivée hier à Carleton. Un vent incroyable m’y a accueillie. Un vent de mer fort et puissant, qui vient et chercher jusqu'au milieu des os.  Plusieurs fois, des bourrasques violentes ont failli m'arracher la tente des mains pendant que je la montais.  À chaque fois, le bruit de la toile qui claquait me rappelait nos sorties en voilier.

Le cahier bleu (7) - Après une nuit de pluie

Ceci est la suite de Le cahier bleu 6 - Journée dans le Bic

Le Bic 16 août, le matin

Quelle nuit horrible. Une pluie sans fin, de celles qui font frémir mêmes les campeurs endurçis .  Et moi, comme une idiote, seule dans une tente à chercher je ne sais quoi. J’aurais voulu que tu sois là. J'aurais voulu me coller sur ton corps chaud pour me rassurer.  À chaque bourrasque, à chaque nouvelle rafale de pluie, j’avais l’impression d’être de plus en plus seule.  Même la présence rassurante de Marilou, n’arrivait pas à remplir le vide laissé par ton absence. Je suis sortie de la tente, j’ai tout laissé sur place et je suis allée au village trouver une auberge où passer la nuit au chaud. .  Dans la tente d’à côté, la famille heureuse jouait au cartes. Je les entendais et chacun de leurs éclats de rire me transperçait en même temps que la pluie et le vent.

Le cahier bleu (6) - Journée dans le Bic

Ceci est la suite de Le cahier bleu (5) -Un matin dans le Bic

Les yeux me ferment, Marilou dort déjà, comme si je ne l'avait pas trahie aujourd'hui.

J'aurais bien aimé qu'elle m'accompagne et qu'elle aussi se remplisse les yeux et les narines de mer, de varech, de pin et de vent, mais je l'ai laissée avec regret dans un chenil, pendant que j'allais visiter le parc du Bic. Dommage que les chiens ne soit pas admis dans les parcs. Elle aurait couru sur la plage, essayé d'effrayer les phoques qui se prélassaient sur de grandes roches grises. Je l'aurais appelée pour qu'elle vienne me rejoindre et ça m'aurait empêchée de voir ce père qui enseignait à son fils comment faire rebondir une pierre sur l'eau.

Le cahier bleu (5) - Un matin dans le Bic.

Ceci est la suite de Le cahier bleu (4)- La traversée du fleuve

Le Bic, 15 août 9 heures

Je me suis levée avec le soleil, j’ai fait chauffer du café et suis allé promener Marilou. Elle mérite bien ça, elle m’a tenu au chaud toute la nuit, son gros museau noir dans mon cou, sa chaleur de grand chien blond près de moi.

Le cahier bleu (4) - La traversée du fleuve


Entre St-Siméon et Rimouski

J’ai roulé jusqu’à St-Siméon pour prendre le traversier. Une fois stationnée sur le pont, j’ai laissé la chienne dans l’auto et je suis montée sur la passerelle supérieure. Il faisait soleil. Un soleil magnifique et le ciel était d’un bleu pur.  Pourtant, ils avaient annoncé de la pluie. Au loin, on voyait une bande de nuages gris vers Québec, là où la pluie s'était probablement attardée.

Le cahier bleu (3) - Départ de Québec

Ceci est la suite de Le cahier bleu (2) - Québec lundi le 13 août

14 août, 9 heures, Départ de Québec
Je quitte Québec ce matin.  Pour la première fois depuis longtemps j’y étais moi. J’y étais sans penser à toi ni à mon désir de cette vie qui n’aura jamais lieu.  Je suis allée souper dans ce petit resto que tu n’as jamais voulu essayer, parce que j’en avais envie. Seule, mais pleine de moi, de mes rêves, de mes désirs.


Le cahier bleu (2) - Québec, lundi 13 août, 11hres

Ceci est la suite de Le cahier bleu- Le départ

Québec
C’est ici que je veux commencer mon périple.  Terminer notre histoire là où elle a commencé, terminer notre histoire, là où elle a commencé à mourir. Ce voyage dont je rêvais pour nous, qui n’a jamais eu lieu, à cause d’elle.  Parce que toujours elle était là, dans le nous.


Le cahier bleu (1) - Le départ

Chers lecteurs,
je profite de mes vacances pour faire une série de billets qui seront publiés aléatoirement, selon mes moments de disponibilité et d'accès internet. Ceci est le journal fictif d'une voyageuse inspiré des lieux que je visite durant mes vacances. Pour ceux qui pourraient s'inquiéter, mes vacances à moi se déroulent très bien; les lieux et le climat décrits ressemblent à ceux que je traverse, le reste n'est que fiction.


Montréal, dimanche le 12 août

Je pars, demain tôt.  J’ai ramassé quelques t-shirts, ma tente, un sac de couchage, une laisse et un bol à eau pour Marilou.   Hier, je me suis acheté un petit cahier bleu dans une papeterie sur la rue Du Parc. Tu sais, à Montréal, que tu détestes tant. Sur la couverture, j’ai écrit simplement :Départ.

Comment je fais pour être heureuse

Vous qui me lisez, savez que je parle beaucoup de bonheur, de sa quête, de son atteinte, des faux et des vrais bonheurs.   Vous aurez deviné que c’est parce que c’est important pour moi et que j’y travaille fort.  J’ai parfois l’impression que les gens de mon entourage croient que je suis faite de caoutchouc, que rien ne m’atteint, que j’ai le « bonheur facile ».  Vous aussi qui me lisez, me faites souvent des commentaires sur les billets personnels que j’écris, vantant mon attitude face à la vie, ma sérénité  et ma sagesse.