C’est Mon Homme qui a fini par m’avoir. Né dans un pays où les hommes sont
supposés protéger leur famille, mon homme fait souvent le
« tough ». Il me reproche
volontiers d’avoir peur pour rien, est toujours convaincu qu’il pourrait nous
protéger, nous venger de toute forme de violence.
Pourtant, devant les histoires du 11 septembre, il perd ses
moyens. Depuis presque 15 ans que
je le connais, les rares fois où j’ai vu ses yeux se mouiller sont lorsqu’il
écoute des histoires du 11 septembre. Je sais que c’est l’irrémédiable de la chose qui le scie en deux.
Il écoute ces histoires de couples qui s’appellent et se
disent 100 fois « je t’aime », « moi aussi, je t’aime»,
alors qu’un des 2 a déjà compris que c’est fini, qu’il n’y a plus aucun espoir,
et me demande les yeux rougis « M’appellerais-tu ? ». C’est dans cette question bien plus que
dans tous ses autres
gestes d’amour que je réalise combien il m’aime.
Regarder sa mort
venir doit être la pire chose qui peut arriver à un humain. Pas la mort triste et préparée des gens
qui meurent d’une longue maladie, non la mort sournoise et imprévue, un mardi
matin au bureau ou en voyage d’affaires. Mais ce qui doit être le pire, c'est de devoir regarder impuissant, en direct sur un écran de télévision,
la mort de celui ou celle que tu aimes.
Nous étions à Beyrouth au Liban le 11 septembre. Là- bas, rien ne s’est passé après les événements. Rien. Un grand
rien rempli d’appréhension, rempli de la crainte et de la connaissance de ce
qui peut venir. Parce que les
libanais sortaient à peine d’une déchirante guerre civile, ils savaient ce qui
pouvait venir et avaient peur. Jamais dans ma vie, je n’avais ressenti aussi
fort, une appréhension collective, une peur de l’irrémédiable, à couper au
couteau.
C’est ce qui me reste à moi du 11 septembre, cette
conviction, que parfois, la vie décide à ma place, qu’on n’est pas aussi
responsable de notre destin qu'on aimerait le croire, que parfois on est tout petit devant le malheur et
qu’on ne peut rien, rien, y faire.
Ce qui me reste aussi, c’est que la vie est courte et que ce
qui compte ce sont les gens que l’on aime et les moments que l’on vit avec eux. Je ne vais pas passer la journée à regarder la télé. On a organisé une sortie avec des amis,
qui par coïncidence, ont tous des enfants qui 9 ans, l'âge des enfants nés l'année après le 11 septembre. On sort au grand air, visiter des fermes et revenir à la
maison pour manger du couscous. Dans les moments où j’ai le contrôle, je fais tout que ce je peux pour
être heureuse avec ceux que j’aime.
Très chère Sophie,
RépondreSupprimerJ'aime ta façon de profiter de la vie et de l'apprécier...
Tu es un exemple pour moi,
je t'aime, Elaine xx
Je reconnais mon homme dans ce coté du tiens...
Élaine, et moi je pense que c'est toi qui m'a donné les outils qui me permettent de vivre la vie que je mérite. XX
RépondreSupprimerTendre et touchant billet ! Merci beaucoup !
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