Là ou je raconte des histoires inventées inspirées par les gens que je croise.... et parfois, peut-être un peu de mes états d'âme.
Il avait promis
Julien avait rempli l’arrosoir à rabord, puis s’était attardé lentement sur chaque plante, enlevant les feuilles mortes, regardant la terre assoiffée absorber cette eau bienvenue. Lentement, en se rappelant les conseils d’Étienne. « Les plantes avec les feuilles épaisses, sont faites pour le désert, tu peux oublier de les arroser elles devraient survivre. Par contre, les violettes africaines sont plus fragiles, il faut les déposer dans l’eau, sinon tu risques de tacher les feuilles, et les orchidées ont besoin de beaucoup d’amour, n’oublie pas de les arroser chaque semaine » Il avait pris soin de chacune, délicatement, avec attention, demandant pardon d’avance pour les oublis, se disant que les orchidées ne se remettrait pas de la négligence des dernières semaines.
Il avait sorti ses vieux livres de cuisine, avait pétri la pâte, avait pelé lentement chacune des pommes en essayant de le faire d’un seul coup, en un seul ruban. Doucement, la maison s’emplissait de l’odeur de tarte aux pommes. Par la fenêtre entrouverte, l’autre odeur s’enfuyait peu à peu, l’odeur du vide, l’odeur de renfermé. L’odeur de l’absence. Ce n’est pas pour rien que ça s’appellait « comfort food », l’odeur, venait le chatouiller, occupait son esprit lui avait presque volé un sourire.
Les plantes se redressaient sur leur tige, verdissaient à vue d’œil; L’appartement reprenait vie. Il avait promis. Il avait promis qu’ils ne seraient pas deux à mourir. Il avait tenu la main d’Étienne et il avait promis, que la vie serait plus forte.
Il se disait qu’il faudrait acheter un chat. Un chat qui s’assoirait sur le fauteuil, près de la fenêtre. Le fauteuil en cuir brun, avec une poignée sur le côté, qui permettait de se mettre en position couchée et regarder dehors. Le fauteuil d’Étienne, pour qu’il puisse voir la rue quand même, voir les bourgeons éclater, voir les éclats de soleil entre les feuilles émeraude, voir la lumière s’égayer sur les gouttes qu’elle léchait après la pluie, voir les feuilles rougir…. Dehors, l’érable arborait une première feuille rouge; le fauteuil était vide.
Il n’était pas certain qu’il pourrait, mais il avait fait une promesse. Il s’était versé un grand verre de lait, s'était servi une pointe de tarte encore chaude et y avait déposé une boule de crème glacée qui fondait lentement, pendant qu’il essuyait une larme.
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On dirait un hommage à quelqu'un qui est parti il y a bientôt un an. Très touchant
RépondreSupprimerOui, d'une certaine façon. C'est aussi et surtout un hommage à l'amour et la vie, deux choses que je respecte énormément, peu importe les formes qu'elles prennent.
SupprimerTrès beau texte. J'ai le même tic, tenter d'enlever la pelure d'un seul trait ;)
RépondreSupprimerAh la la, Sophie, quel texte. J'en ai les larmes aux yeux...
RépondreSupprimerOn ne promet pas Sophie. On survit. Et parce que nous sommes celui ou celle qui reste on a l'impression d'avoir promis.
RépondreSupprimerMais on pose simplement un pied devant l'autre, une heure à la fois. En posant de petits gestes qui nous empêchent d'étouffer et nous donnent l'impression d'honorer une promesse, alors qu'on honore une mémoire. Alors qu'on continue à vivre.
Bises,
France
Je ne peux qu'imaginer, ma belle France. Le pire qui peut arriver à quelqu'un qui aime. Mais je devine, que la vie est forte, et que ce sont d'abord les petits pas qui aident à survivre.
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