Dimanche serein

J’avais comme un début d’histoire qui flottait.  Celle d’un ado qui claque les portes, qui se définit par la colère qu’il a en lui.  J’avais une idée vague, de sa journée, de ses frustration et d’une fin où peut-être il aurait pu entrevoir la lumière. J’avais prévu prendre du temps, aujourd’hui dimanche pour vous le raconter.

Et pour accompagner mon dimanche, pendant que je faisais une sauce à spagetti qui allait mijoter pendant que j’écrirais, j’ai mis Torch Songs de Songza. Une nouvelle découverte, de belles chansons d’amour,  c’est supposé être une liste de peines d’amour, mais moi ça me rend heureuse, et surtout ça fait fondre en moi toute forme de colère.  Alors voyez-vous, me mettre dans la peau d’un ado malheureux, ça ne marche pas.

Il neige dehors. Ce soir, c’est la soirée des Oscars.  On va se faire une bouffe de petits hors d’œuvres «  fancy », (calmars, portobello au feta, baguette avec proscutto et parmesan), on va s’asseoir tous les 4 collés en rang devant la télé avec Vicky le teckel au milieu dans le spot le plus chaud qu'elle pourra trouver.  Tsé, le bonheur, juste comme ça.

J’ai souvent envié cette sérénité que semblent avoir les femmes et les hommes aux cheveux blancs, comme si une lumière les entouraient, comme s’ils ne vivaient pas de frustrations, comme s’ils ne connaissaient pas la colère.  À 44 ans, peut-être que j’y arrive un peu.  Parce qu’aujourd’hui, je me sens même incapable d’imaginer la colère.

Alors l’ado en colère, il attendra.  Je suis sûre qu’après une journée de bureau, quelques frustrations du quotidien, je trouverai les mots pour vous le décrire, mais là j’ai juste envie de profiter de mon bonheur, et de cette belle sérénité que j’acquiers tranquillement pas vite.  C'est ça qui est ça.