J'atterris

Je vous l’avais dit il y a 5 mois, un grand changement s’était passé. La vie m’a obligé à sauter de l’avion dans lequel j’étais depuis 20 ans et ouvrir mon parachute. Voilà, j’atterris. Lundi prochain je commence une nouvelle vie professionnelle. Mais c’est plus qu’un changement de boulot qui s'est passé dans les derniers mois, c’est une nouvelle vision de la vie que j'ai acquise.


Je pensais atterrir dans un jardin de fleurs. Maintenant je comprends que la vie n'envoie pas les jardins déjà en fleurs et que je vais poser le pied dans un jardin en friche où la terre est probablement fertile, mais ce sera à moi de sarcler, de planter, d'enlever les mauvais herbes et de récolter mais surtout, c'est à moi de choisir les fleurs que je veux y semer.

Ça, c’est ma grande découverte. La vie est une rivière tumultueuse, et on est seul à bord d’un canot, à ramer là. Des fois, on va va où on voulait aller et on est déçus, des fois,  le courant nous amène ailleurs et on découvre de nouveaux paysages. Mais quoi qu'il arrive, nous sommes toujours le capitaine, nous sommes toujours en charge, et il nous appartient de rester là où le courant nous amène, ou aller ailleurs.   Je ne sais pas encore ce qui m’attend, mais j’ai compris que je peux me fier à mon instinct, et que j'ai en moi la force de faire face aux changements. Dans l’aventure j’ai élargi mes horizons. J'ai compris que je suis plus que mon travail, mon couple et mes enfants, que je suis pleine de ressources et que les possibilités sont vastes.

J’aime écrire, je continuerai à le faire. Cet été je me suis donné le défi un peu fou d’écrire une histoire sur plusieurs jours en temps réel et j’ai réussi. J’ai réussi parce que je l’ai fait en m’amusant, en acceptant que ce ne serait pas parfait, mais surtout en le faisant pour moi d’abord. Si jamais ça vous tente de le lire, ça commence ici.  Je serai peut-être un peu moins active au cours des prochaines semaines, mais je continuerai de venir ici vous raconter des histoires et parler de moi, parce que ça me fait beaucoup de bien.

J’ai compris que j’aimais ce rythme différent que j’avais en étant plus souvent à la maison, et, bien que le nouvel emploi que j’occuperai m’obligera à travailler  selon un horaire "classique", je garderai longtemps cette impression de lenteur et de longueur qui mène à une réflexion plus profonde, à des idées plus créatives.

J’ai compris qu’on peut survivre aux tempêtes. Que pour y arriver, il faut prendre soin de soi. Voir du beau, faire de l’exercice, aider les autres, lire, prendre du temps réfléchir. Je rêve de pouvoir partager mon expérience avec d’autres, essayer, de montrer à d’autres que le bonheur, c’est possible si on y met un peut d’efforts.

Alors voilà, j’atterris. Je passe ces derniers jours avant de mettre le pied à terre à me remplir d’énergie et à préparer à un automne qui sera occupé. Ce ne sera pas tous les jours parfait, je sais qu’il y aura des moments où j’aurai peur de l’inconnu, où je serai fatiguée des efforts que me demande le changement, où j’aurai à faire des choix difficiles, entre tous les rêves que j’ai, où je devrais composer avec des imprévus, mais je sais aussi, que c’est moi qui tiens la barre et que, même si je devrai parfois ramer fort, de magnifiques paysages m'attendent.