Pièces de casse-tête

Levée tôt ce matin. Mauvais sommeil cette nuit.  Ça faisait longtemps.  Je ne sais pas vraiment pourquoi.   La rentrée cette semaine; je ne suis pas prête. Un mandat chez un nouveau client; je ne sais pas ce qui m'attend.  Des projets que j'ai envie de commencer et moi qui me sent bloquée.  L'été qui s'achève.  Un été long et court à la fois.  Un été en pièces détachées, un été imparfait mais heureux.


Je voulais me recoucher, finalement j'ai eu envie d'écrire.  Essayer de saisir ce malaise.  Essayer de comprendre ce qui m'empêche d'écrire depuis plusieurs semaines.  Le mot me turlupine depuis quelques jours: Imperfection.

 C'est un thème qui semble apparaître beaucoup dans mon environnement ces temps-ci. Comme si nous étions des milliers, à vouloir nous libérer de ce joug qui nous pèse, de la perfection. "Soit une bonne fille, secoue ta robe, remonte tes bas, arrête de jouer comme un garçon."

Vivre les genoux sales et couverts de blessures parce qu'on a grimpé aux arbres, se faire mal, tomber. On n'apprend pas cela aux filles.  Au contraire, on nous dit, "Va étudier, sois gentille, sois polie. Qu'est-ce que c'est que cette colère? Va pleurer dans ta chambre."

Hier, j'ai ouvert la grosse boîte en plastique dans laquelle j'ai accumulé,  du secondaire à me premières années de vie professionnelle,  des lettres reçues, des brouillons de lettres, des agendas.  Toute une époque de ma vie réapparue devant mes yeux.  Mes rêves de jeune fille, mes secrets, mes chagrins, mes joies, mais aussi et surtout, la recherche de moi qui commençait.

Réaliser le chemin parcouru.  Réaliser parmi toutes ces lettres combien j'ai été aimée, combien je suis aimée.  Relire les mots; réaliser combien j'étais belle dans les yeux de certains.  Comprendre que c'est de là que venait mon courage.  Me dire que je suis  tombée, me suis blessée aux genoux, mais que je me suis plusieurs fois relevée.

Ma jupe est sale, mais la vue est tellement plus belle en haut de cet arbre aux branches qui plient doucement sous le vent.  J'ai laissé des gens au bas de l'arbre parce qu'ils ont peur de monter. mais je sais aussi que je ne suis pas seule.  Vous êtes plusieurs à mes côtés, à essayer de voir la vue de plus haut, malgré les écorchures, malgré ce sentiment de vulnérabilité que l'on a à s'exposer plus près du soleil.

Comprendre que je vais encore m'écorcher, que peut-être je vais me faire dire que ma robe et mes bas sont déchirés, me faire mal, mais oser laisser mes blessures à l'air, pour qu'elles guérissent.  Accepter que pour soigner ses blessures, il faut avoir le courage de les montrer, d'en parler.

L'envie d'écrire revient.  J'ose, je m'expose, le malaise disparait tranquillement. Je comprends que le simple fait d'en parler, d'accepter la vulnérabilité et d'oser parler de l'imperfection font disparaitre l'obscurité et et la peur.

Écrire un billet de blogue, décousu, comme un casse-tête auquel il manque des pièces mais qui expose quand même des morceaux de moi.  Parce que c'est ça, être imparfaite et vulnérable.

6 commentaires:

  1. Je trouve ça tellement beau ! Ça me rejoins. Me fait réfléchir ! Merci !

    RépondreSupprimer
  2. Merci les filles!!! Je n'étais pas certaine ce que ça donnait, mais bon, 2 commentaires positifs à peine quelques heures après la publication, ça fait plaisir!

    RépondreSupprimer
  3. Bravo mon amie...
    Va de l'avant.
    On marche avec toi.

    RépondreSupprimer
  4. Bravo Sophie. Pour toi je réécris le début du proverbe. Courage, authenticité et résilience valent mieux que force et que rage.
    France

    RépondreSupprimer
  5. Tu as bien fait d'écrire. C'est une bonne thérapie. J'haïs pas ça moi tes beaux billets décousus...décousus pour toi mais je trouve qu'ils font bien du sens!

    RépondreSupprimer