Un si beau geste d'amour

Cette histoire est la suite de Les rêves des autres

« Gabriel, j’en ai assez de porter le monde sur mes épaules et de sourire. Je suis épuisée de porter les rêves de mon père , la culpabilité de ma mère, les burn-out et l'épuisement de mes employés… et le grand vide au-dedans de moi»
Assis avec un verre qui n’avait pas été rempli, sous le toit émeraude que faisait le grand chêne, Gabriel avait écouté. « Ça fait 2 semaines qu’avant d’entrer travailler, je m’assoie dans le parc pour pleurer quelques minutes parce que je n'en peux plus parce que j'ai l'impression d'être ce pilier immense qui porte le monde sur mes épaules »

Dans le train ce matin, j’ai croisé Gabriel qui rentrait dans son île avec le regard embrouillé de quelqu’un qui a beaucoup parlé et peu dormi. Par la fenêtre, il observait comme moi la longue cohorte de voitures, chacun dans son petit habitacle, chacun avec sa vie, ses ennuis, ses problèmes. Chacun à sa quête du bonheur. Chacun à vouloir la même chose. Tout de suite, maintenant, sans vraiment savoir ce qu'il veut au fond.  Il repassait la conversation de la veille.

Elle avait longuement tourné autour du pot s’était enroulée et déroulée dans les remords et la culpabilité et lui avait finalement avoué : « J’en ai assez de vivre ma vie à la sauvette, sur mon heure de lunch, sur les minutes que je prends le matin parce que je me lève plus tôt. Je veux vivre, pas courir » et puis, après une longue pause un peu gênée « Il faut que j’aille ailleurs, pour me trouver. Je laisse tout, mon travail, la maison,..toi. Je pars pour Paris. Je n’ai rien qui m’y attend, que moi, mais j’y vais quand même »

Les oiseaux chantaient à tue-tête, le soleil venait de se lever quand Gabriel avait répondu simplement, «Va. Va voir qui tu es. Tu reviendras me raconter après»

Il ne rentrerait pas à son travail cette journée-là. Il était plutôt passer s’acheter le bouquet de fleurs roses, oranges et jaunes qu’il avait vu la veille et qui lui paraissait maintenant très approprié. Pour lui-même.

Pour tenter naïvement de guérir cette grande déchirure qu’il venait de s’imposer.

3 commentaires:

  1. C'est drôle, j'ai eu un peu le même feeling que Mylène ce matin en me rendant au travail. Seule dans ma voiture, je m'imaginais me regarder aller, seule, chaque matin, la même petite routine, le petit train-train quotidien. Mes petites préoccupations. J'en ai eu les yeux dans l'eau.

    Un petit moment de fébrilité et cette parole de chanson de Luc Plamondon qui m'est venue en tête:

    "...mais au bout du compte, on se rend compte, qu'on est toujours tout seul au monde..."

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  2. Les larmes aux yeux, je les ai eu en lisant ce texte...
    Tu nous rend accros à tes histoires, Quelquepart, fictives ou non, elles hurlent la réalité de bien des gens.
    C'est vrai que c'est un beau geste d'amour.
    Et par ce geste j'ose penser qu'elle lui reviendra...et qu'elle lui racontera :)
    Très belle histoire.
    (domage que c'est juste un blogue...c'est trop court)
    Katia

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  3. @Michèle, moi je pense souvent à celle de Beau Dommage, "Le passager de l'heure de pointe, a fait le tour du monde à pied, si ses voyages sont dans sa tête, son corps est quand même fatigué.... (Pas capable de la trouver enligne Bu hu hu,,,)
    @Katia, je mets Mylène de côté pour quelques jour, mais comme je dois moi-même aller à Paris à la fin du mois, je la croiserai peut-être....

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