11 septembre. Entre l'irrémédiable et la vie.

Je n'avais pas prévu bloguer sur le sujet.    Je m’étais dit, qu’aujourd’hui dimanche, le 11 septembre 2011 serait un dimanche comme les autres.   Mais évidemment, je n’ai pu m’empêcher  d’être attrapée dans le tourbillon des souvenirs.

C’est Mon Homme qui a fini par m’avoir.  Né dans un pays où les hommes sont supposés protéger leur famille, mon homme fait souvent le « tough ».  Il me reproche volontiers d’avoir peur pour rien, est toujours convaincu qu’il pourrait nous protéger, nous venger de toute forme de violence.

Pourtant, devant les histoires du 11 septembre, il perd ses moyens.  Depuis presque 15 ans que je le connais, les rares fois où j’ai vu ses yeux se mouiller sont lorsqu’il écoute des histoires du 11 septembre.  Je sais que c’est l’irrémédiable de la chose qui le scie en deux. 

Il écoute ces histoires de couples qui s’appellent et se disent 100 fois « je t’aime », « moi aussi, je t’aime», alors qu’un des 2 a déjà compris que c’est fini, qu’il n’y a plus aucun espoir, et me demande les yeux rougis « M’appellerais-tu ? ».  C’est dans cette question bien plus que dans tous ses autres gestes d’amour que je réalise combien il m’aime.

Regarder sa mort venir doit être la pire chose qui peut arriver à un humain.  Pas la mort triste et préparée des gens qui meurent d’une longue maladie, non la mort sournoise et imprévue, un mardi matin au bureau ou en voyage d’affaires.  Mais ce qui doit être le pire, c'est de devoir regarder impuissant, en direct sur un écran de télévision, la mort de celui ou celle que tu aimes.

Nous étions à Beyrouth au Liban le 11 septembre.  Là- bas,  rien ne s’est passé après les événements.  Rien.  Un grand rien rempli d’appréhension, rempli de la crainte et de la connaissance de ce qui peut venir.  Parce que les libanais sortaient à peine d’une déchirante guerre civile, ils savaient ce qui pouvait venir et avaient peur. Jamais dans ma vie, je n’avais ressenti aussi fort, une appréhension collective, une peur de l’irrémédiable, à couper au couteau.

C’est ce qui me reste à moi du 11 septembre, cette conviction, que parfois, la vie décide à ma place, qu’on n’est pas aussi responsable de notre destin qu'on aimerait le croire, que parfois on est tout petit devant le malheur et qu’on ne peut rien, rien, y faire.   

Ce qui me reste aussi, c’est que la vie est courte et que ce qui compte ce sont les gens que l’on aime et les moments que l’on vit avec eux.  Je ne vais pas passer la journée à regarder la télé.  On a organisé une sortie avec des amis, qui par coïncidence, ont tous des enfants qui 9 ans, l'âge des enfants nés l'année après le 11 septembre. On sort au grand air, visiter des fermes et revenir à la maison pour manger du couscous.   Dans les moments où j’ai le contrôle, je fais tout que ce je peux pour être heureuse avec ceux que j’aime.

3 commentaires:

  1. Très chère Sophie,
    J'aime ta façon de profiter de la vie et de l'apprécier...
    Tu es un exemple pour moi,
    je t'aime, Elaine xx
    Je reconnais mon homme dans ce coté du tiens...

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  2. Élaine, et moi je pense que c'est toi qui m'a donné les outils qui me permettent de vivre la vie que je mérite. XX

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  3. Tendre et touchant billet ! Merci beaucoup !

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