Une question de trop (2)

Suite de Une question de trop (1)

- On était heureux.  Pas heureux heureux, mais correct, confortables, on avait des projets, des rêves.  Heureux, comme tout le monde. J’aurais dû écouter les conseils de ma mère qui disait toujours « Ne pose jamais une question si tu ne peux vivre avec l’une des réponses possibles. »

Depuis quelque temps François n’était plus le même.  Il était maussade, absent.  Isabelle aurait pu attribuer cela au stress de son travail, mais quelque chose d’à peine perceptible, la dérangeait : un regard différent, une légèreté dans son pas lorsqu’il quittait la maison et une lourdeur quand il revenait.

Et un soir, elle avait posé la question directement.  « François me trompes-tu ? ».  Elle espérant se faire expliquer que, «non, il ne la trompait pas, et qu’il était désolé de la négliger, qu’il était occupé au bureau ». Elle avait tant voulu être rassurée,  elle avait déjà sa réponse toute prête, « On est une équipe, non ? On est là pour s’appuyer l’un l’autre, t’en fais, je m’occupe de la famille »,

Johanne qui l'écoutait se disait qu'elle aurait voulu retourner dans le temps et dire à son amie qu'il n'y avait que deux mauvaises réponses à cette question.  Soit une réponse négative qui l’aurait laissée dans l’incertitude, qui l’aurait peut-être rassurée un peu, jusqu’à la prochaine crise, ou, une fuite qui laissait deviner le pire.  Dans un cas, elle ne réglait pas l’angoisse qui la tenaillait, dans l’autre, elle se plaçait devant une certitude qu’elle ne  pouvait plus ignorer.

C’est par la fuite que François avait répondu, en lui offrant malgré tout une dernière chance d’éviter l’irrémédiable.  « Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que tu saches tout? Arrête donc d’insister, tu pourrais avoir des réponses que tu ne veux pas entendre » 

Mais  on n’immobilise pas un train en marche.  Une fois que la question avait été formulée à haute voix, et que le doute s’était immiscé dans l’esprit d’Isabelle, elle n’avait pu s’arrêter.   Elle avait talonné, exigé la vérité.  Et elle avait obtenu a vérité.

La suite sur Une question de trop (3)


2 commentaires:

  1. "Ne pose jamais une question si tu ne peux vivre avec l’une des réponses possibles."
    Je trouve ça très bien dit. C'est un peu comme le "Pose pas de questions si tu veux pas de menteries."...Il y a des questions qu'il vaut mieux taire, en autant qu'on soit prêt à dealer avec l'interrogation.

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