Ce parc

Près de mon bureau il y a ce parc que j'aime traverser avant d'amorcer ma journée. Un oasis de verdure au milieu de la ville comme on en trouve plusieurs à Montréal.

Toute la faune du centre-ville s'y retrouve. Quelques sans-abri, dont un qui me sourit et me dit parfois "vous avez un beau sourire, Mademoiselle” , des touristes qui prennent des photos ou font courir leurs enfants, des professionnels pressés en talons hauts ou complet cravate, des résidents du quartier  qui viennent y promener leur chien, il y a parfois une vieille dame  qui vient y nourrir les pigeons et une fois, j’y ai même vu un rasta en chemise et chaussures propres qui y roulait un joint.



Et moi.  Moi, qui passe dans le parc pour remplir mes yeux du vert des arbres et de la douceur de leur ombre.  Quatre-vingt dix secondes de rêve dans mon univers trop concret.   Quatre-vingt dix secondes qui m’aident à amorcer les journées plus difficiles et les réunions ennuyantes. Certains matins, j'oublie de traverser par la rue à la hauteur du parc, c'est souvent quand je suis pressée, que je pense à quelque chose que je dois régler en arrivant, quand je suis trop prise dans le béton de mon quotidien.

Il y a aussi des matins où je m'y assoie quelques minutes.  Quelques minutes volées aux autres et qui m'appartiennent.  À l'abri sous le toit vert, je cache mes doutes et mes faiblesses et je 
dépose mes soucis sur un banc.  Aux écureuils qui gambadent, j'avoue que je ne suis plus certaine que ce que je fais a un sens pour moi.

C'est peut-être l'âge, c'est peut-être les changements qu'on nous annonce, mais je me demande parfois si j’ai envie de continuer à faire ce que je fais ou si j'ai envie d'explorer d'autres horizons peut-être mieux alignés avec ce que je suis vraiment.

La vie est si courte, et à l'âge où j'ai peut-être déjà vécu la moitié de la mienne, je me questionne. Beaucoup.  Sur ce que je suis, sur ce que je veux faire, sur la façon dont j'ai envie de vivre la prochaine moitié de ma vie.

Alors parfois, je m'assoie dans ce parc et je me remplis de nature et de vie. Je regarde les humains dans tous leurs choix, du sans-abri à l'homme d'affaires et me demande qui je suis, moi, et quelle est ma place dans tout ça.

7 commentaires:

  1. Oooohhh ! Comme je comprends tout ça. Ces questionnements. Ces envies d'arrêt. De calme. De ressourcement. Sur le sens de la vie. Sur ce que je veux. Je te comprends. C'est bien de lire que je ne suis pas seule.

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  2. Je m'y arrête aussi, souvent. Question de prendre une grande respiration, de secouer mes épaules avant d'y mettre le poids du monde...

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  3. Je me dis souvent que les arbres sont les meilleurs conseillers qui soit. Bien ancrés au sol, ils imposent le respect et donnent les meilleurs leçons pour rester «groundée».

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  4. @Impulsive montréalaise je suis sure qu'on est une "couple".
    @MJ une chance qu'on l'a ce parc
    @Bizz et oui, et les arbres de ce parc sont gigantesques, remplis des secrets et histoires de plusieurs génération, on se sent bien entourée.

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  5. Se remettre en question. Faire le point sur sa vie. S'arrêter. Dans tout le brouhaha du quotidien.

    Ce parc, ce passage vert t'inspire et te fait aller en toi, fouiller un peu ce que tu veux, ce que tu cherches.

    Peut-être qu'il n'a pas les réponses, mais au moins, il te fait cheminer.

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  6. ¨¨Toujours moi¨¨3 septembre 2011 à 10:09

    C'est bien de se poser des questions. J'ai toujours dit que le pire sentiment est l'absence de doute dans une vie.

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  7. Ça te prendrais dix vies ma chère Quelquepart, pour explorer toutes tes possibilités!!
    Mon océan préféré... :)
    Vas-y questionne toi et va jusqu'au bout de ta curiosité.
    Avec ce que tu viens de dire, je pense même que tu as déjà soulevé un pied pour le diriger ailleurs..
    Bisous
    Katia

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