Novembre et la mort

Je n'ai jamais aimé le mois de novembre.  C'est gris, c'est triste. Pourtant, aujourd'hui, le soleil est sorti, ça ressemble à une journée d'octobre, mais c’est comme si  mon esprit avait décidé que c’était novembre et qu’il fallait rester à l’intérieur.  Le mois de morts, on dit.   Et pour faire exprès, je vais à des funérailles, moi qui ne suis pas allée à des funérailles depuis 14 ans.


Je m’étais habituée à cette impression d’être entourée de gens éternels. Allez comprendre pourquoi, on n’aime pas mourir dans ma famille.  Alors on s’abstient comme on peut.  Je vivais bien avec cette impression de vivre pour toujours.  Comme si la Mort, ne nous connaissait pas, comme si elle passait à côté.  Comme si nous étions une famille d’élus, qui allions tous mourir à 93 ans, comme l’aïeul, mon grand-père.

Mais là, on dirait qu’elle vient de nous trouver.  Elle arrive doucement, par derrière, elle frappe le conjoint d’un cousin.  Quelqu’un que je ne voyais pas souvent, que je ne croisais que dans les réunions de famille aux deux ans.   Il parlait fort, il riait, il était actif et il avait la tête de quelqu'un ici pour rester.

Ils étaient ensemble depuis plus de 25 ans, un record dans notre famille moderne.  On ne meure pas quand on aime. Non?  Je ne peux imaginer ce que serait ma vie sans l'homme avec qui je prévois terminer mes jours.  C'est entre autres pour ça que je vais aller débiter quelques phrases toutes faites à mon cousin, en espérant que ça l'aide, ne serait-ce qu'un tout petit peu.  En me disant que c'est probablement la seule chose qui m'empêcherait de m'écrouler, si c'était à moi qu'un malheur pareil arrivait.

Il avait 49 ans, c’est pas un âge pour mourir ça.  Je croyais naïvement que je continuerais à le croiser pendant des années encore.  Je réalise à travers lui, combien la vie est fragile.  Depuis, je pense à la mort, à celle de mon chum, de mes enfants, à celle de ma famille.  Je pense bien sûr, à la mienne.  À la possibilité, que je ne veux pas envisager, que ça arrive trop tôt, que ça arrive par surprise sans qu’on n’ait le temps de s’y préparer.

C’est le mois de novembre, le mois des morts, et malgré le soleil qui brille, je pense à la noirceur.
  

4 commentaires:

  1. Malgré le soleil et la couleur orangée des clémentine, tu as cette mort qui vient planer au-dessus de ta tête, de ta famille immédiate, qui vient mettre la grisaille sur la clarté.

    Faut pas que j'y pense, je me fais peur avec cette maudite mort. Les maladies. Les accidents. Le destin.

    Je suis toute de noire vêtue (quel hasard) alors j'en profite pour sympathiser un peu avec toi pour ce bien triste départ.

    J'espère qu'il y aura de petites étincelles de bonheur, de lueur, d'ici la fin de ta journée. Michèle

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  2. Dis donc, on est sur la même longueur d'onde pour le mois de Novembre!!!

    Je suis de tout cœur avec toi ma chère, prends soin de toi, offre-toi un petit bonheur aujourd'hui tiens...

    =)

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  3. Que de sombres pensées pour le mois de novembre. Il est certain que des funérailles n'aident pas. Je sympathise. Et concentre-toi sur le soleil. C'est novembre, mais il se pointe souvent le bout du nez. Et puis, tu sais, au fond, le soleil, et la pluie, c'est aussi dans le coeur.

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  4. Je viens tout juste de lire ce texte...en retard tu me diras! Touchante histoire, combien vraie!
    Je suis tout à fait comme toi.Pensée magique peut-être qui me fait croire que vous serez toujours là...

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