Promenade d'une rêveuse solitaire

Hier, je suis sortie marcher à l'heure du dîner et me suis éloignée de mon parcours habituel sur Sainte-Catherine dans le bruit de la foule.  J'avais envie de voir du beau, de voir de beaux buildings et de vieilles pierres qui portent la patine du temps, pour me rassurer, que tout passe, et que si on est solide, si on est beau, on peut survivre à tout.


Ces jours-ci j'ai les émotions à fleur de peau, je pleure pour un rien, je ris aussi et j'ai bien hâte que cet hiver en dents de scie se termine.  Je vis en ce moment une période difficile,  la pire de ma carrière professionnelle probablement. Pleine de moments qui me confrontent à moi-même, à mes valeurs, à mes faiblesses et à mes imperfections et qui affectent tout le reste dans ma vie. Je ne vous parle pas souvent de ma vie personnelle, et presque jamais de mon travail. Je préfère rester discrète sur cet aspect de ma vie, mais si vous voulez vous faire une idée, vous pouvez aller lire le magnifique texte publié il y a quelques jours sur le blogue de Chroniques du Patio, disons que ce n'est pas loin de ma réalité actuelle.


C'est peut-être pour ça que mes pas m'ont menée vers le Vieux Montréal, plus loin que les buildings dont on ne garde que la façade ou ceux dont on a briqué les fenêtres, vers les buildings qui ont survécu à travers les époques et qui sont restés malgré tout debout.


Au détour d'une clôture, tout près d'un endroit qui avait inspiré une autre histoire,  j'ai découvert ce que je cherchais.

Quand on cherche quelque chose de beau et de solide, quoi de mieux qu'une église. Et peu importe qu'elle soit cachée entre les gratte-ciels et les buildings, si son escalier est invitant, si sa porte est ouverte aux passants, si ses murs sont pleins d'histoire et que ses vitraux laissent couler la lumière d'un lundi de février, il faut parfois prendre le temps d'y entrer.

J'ai toujours aimé les églises et les temples.  C'est plein des rêves et des espoirs de milliers de personnes.  Plein des histoires avec un petit h et de l'Histoire avec un grand H, plein de ces vies qu'elles ont marquées et de celles qu'elles ont protégées.  Et, malgré les années, malgré la politique, les manigances, les histoires sordides et les histoires tristes dont elles ont été les témoins, les églises restent pleines du travail et de l'amour de l'art avec lesquels elles ont été construites.  Une église, c'est grand, solennel et grave et ça se remplit d'une lumière divine quand le soleil la traverse.

J'ai laissé de côté les lampions, ceux à 4$ pour les rêves des riches et ceux à 1$ pour les souhaits de plus pauvres, et  je me suis assise sur le dernier banc, tout au fond, pour simplement me laisser bercer par la paix qui m'entourait et la force des ses murs.  J'y suis restée à prendre quelques notes (pour une histoire que vous lirez ici dans quelques jours) à réfléchir, et à sentir ce quelque chose de plus grand que moi.  Ce quelque chose que j'ai souvent ressenti dans les églises, les temples et les mosquées que j'ai visités dans ma vie.  Quelque chose que je n'ai jamais eu la prétention de définir et que j'attribue beaucoup au travail des artisans qui ont construit l'endroit et aux espoirs des gens qui ont prié dans ses murs. Ce quelque chose qui nous rappelle que tout passe et qu'il faut avoir confiance même si on ne sait pas ce qui vient.

Cette petite pause m'a permis de me connecter avec moi-même, à ce que je suis réellement et non pas à ce que les autres voudraient que je sois.  Elle m'a entre autres permis de ré-affirmer le choix que j'ai fait, celui de me concentrer sur l'essentiel et de faire des choix en écoutant mes tripes plutôt que ce que ce les gens disent. N'en déplaise à certains, en ce moment, je me concentre sur moi d'abord, puis sur les gens et après sur tout le reste.  Je remets à plus tard certaines activités qui ne me permettent pas un contact direct avec moi ou avec les gens.  Je profite de cette occasion d'ailleurs pour m'excuser de ne pas avoir répondu au tag de Michèle.  Ça m'a beaucoup fait plaisir, de le recevoir, mais je ne me sens pas l'énergie d'y répondre. À la place, j'ai fait cette promenade, j'ai écrit ce texte.

Je sens que cet état d'esprit dans lequel je suis, transparait aussi dans mes textes et que j'ai moins d'histoires qui terminent sur une note positive. J'espère que vous saurez apprécier ces textes-là aussi, il font autant partie de moi que les textes habituels, plus positifs.  Je sais aussi au fond de moi, que je ressortirai une meilleure personne de la période qui vient. Je souhaite en sortir plus tolérante, plus humaine, plus près de mes valeurs surtout.  D'ici là je m'accroche à mes murs, en espérant qu'ils soient fait de ces pierres qui durent et qu'ils seront encore debout après la tempête.

10 commentaires:

  1. J'espère que ça ira mieux bientôt, que ton hiver se transformera en joli printemps. En attendant, prends grand soin de toi. Et comme tu dis, on apprend et on devient une meilleure personne avec les évènements qui passent....

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    1. Nul doute que je vais grandir durant cette période et que d'ici peu ça pourrait même être beaucoup mieux, d'ici là je prends ça un jour à la fois.

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  2. Tu n'as pas à te justifier de cet état d'esprit quelque part mais j'apprécie énormément que tu nous en aies fait un peu part.

    Chacun ses passes, moi aussi j'ai un peu le cafard facile ces jours-ci. Les gens sont plates. (Hi!hi! Aucun danger que je me remette en question!)...

    Reviens quand ça te va, en forme ou pas.

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    1. Février n'est facile pour personne. Reste que ça m'a fait du bien de vous en parler....

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  3. Ma chère Sophie, je sais que tu vis une période charnière de ta vie, sache que je suis toujours là pour t'écouter, t'encourager, et te rappeler la fille fantastique que tu es :)

    Ton blogue m'a rappelé à que point j'aime aussi les églises... pour y chanter! Je me suis toujours dit qu'un jour je me remettrais à la chorale... peut-être est-ce un signe que c'est le moment?

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  4. ¨¨Toujours moi¨¨15 février 2012 à 12:30

    Je ne sais pas trop quoi te dire. Je te devine, je te sens vibrer, je pense à toi et je t'écouterai n'importe quand. Les églises m'ont toujours attirée moi aussi; c'est tellement plein de chaleur et de froidure en même temps.

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  5. La méditation fait du bien. Se connecter à soi, à la beauté et au silence. Vous avez su d'instinct ce qu'il fallait faire.

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    1. Le yoga aussi, et j'essaie d'en faire au moins une fois par semaine!

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  6. J'adore ce coin du vieux que tu décris si bien... On dirait que les mois qui s'en viennent seront difficiles pour toi. Après avoir lu les Chroniques du patio, je crois que je comprends un peu ce qui se passe de ton coté, et je sais par expérience que c'est vraiment difficile... Continue d'écrire, de prendre soin de toi, de penser à toi. Tu y arriveras.

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  7. J'espère que tu vas aller mieux rapidement ! Je vis, moi aussi, des moments un peu difficiles depuis mon retour au travail (après 18 mois de congé de maternité)....Vivement le printemps !

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