Deux amoureux, un soir de spectacle

C’était une magnifique soirée. La journée avait été chaude et humide, mais ce soir-là un vent léger venu du fleuve, juste assez frais pour nous rafraîchir venait nous caresser délicatement.  C’était l’été, un soir de festival à Montréal. J'assistais à un concert en plein air.  Devant moi, 2 amoureux. J’avais deviné qu’ils étaient amoureux à voir leurs épaules se frôler de temps à autres au rythme de la musique, comme deux feuilles agitées par le vent qui se caressent en passant.


Le chanteur avait ouvert le spectacle avec son répertoire habituel, des chansons en anglais, sous les yeux ravis de la foule, puis avait amorcé une première chanson en français et un frisson avait parcouru la foule. Simon s’était laissé porter par l’émotion et avait osé mettre sa main sur le dos de Gaby et caresser doucement le creux, juste au milieu.  Il avait senti sous la chemise de lin, le frisson qui continuait même après que l’émotion de la foule ait diminué. L’autre n’avait pas bougé, mais Simon avait senti un léger relâchement des muscles, suffisamment pour qu’il ose laisser sa main là pour plusieurs autres balades.

Près d’eux dans la foule, quelqu’un avait allumé un joint. Lentement, l’odeur était parvenue à eux, amère au début, puis douce et envoûtante. Simon avait pris une grande respiration et laissé pénétrer la fumée jusqu’à ses poumons.

Était-ce la nuit qui était douce, la foule qui se balançait au rythme de la musique, ou l’effet de la drogue, mais il s’était enhardi.   Il avait serré plus fort et rapproché le corps de Gaby du sien. Doucement il avait approché sa bouche assez pour toucher l’oreille qui se tendait vers lui, pour y chuchoter quelques mots sans importance, pour parler de la musique, du temps qu'il faisait. Il s’était approché suffisamment pour poser ses lèvres sur le lobe et y laisser un baiser délicat pendant quelques secondes, le temps d'être ému aux larmes par le résultat de son audace.

À la fin du spectacle, la foule en délire avait demandé un rappel en tapant des mains, Simon avait risqué le tout pour le tout et il s'était déplacé au rythme de la foule jusqu'à se retrouver debout derrière Gaby pour l’enlacer complètement de ses deux bras et déposer sa tête sur l'épaule qui s'offrait à lui. Il n’était jamais allé aussi loin et ce moment, cette intimité dans la foule l’avait enivré autant que l’odeur du parfum qu'il respirait. Longtemps il était resté le nez, à la base du cou, se remplissant de l’odeur de l’autre, heureux.

Puis, alors que la foule demandait, un deuxième rappel, quelque chose d’incroyable s’était passé. C’est Gaby qui avait pris les devants, et tournant le dos à la scène et avait posé ses lèvres sur celles de Simon. Cet instant avait été féerique.  Ils étaient restés figés longtemps, serrés l’un contre l’autre, leurs lèvres soudées, au milieu de la foule, profitant de se moment, insouciants aux gens qui quittaient le site en les contournant.

Sans le voir, Simon était convaincu, que le ciel était couvert d’étoiles et que la lune était pleine. Une nuit comme celle-là ne pouvait qu'être bénie des astres. C’était une soirée mémorable qui resterait à jamais gravée dans sa mémoire. Le soir d'été, où, Gabriel, l'homme qu'il aimait et avec qui il vivait depuis deux, avait osé braver les tabous et l’embrasser en public.

1 commentaire:

  1. J'ai bien aimé tout l'esprit qui ressort de ce billet. Tout-à-coup, j'ai envie d'aller faire un tour au Festival d'été ;)

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