Le cahier bleu (14) - Présences

Ceci est la suite de Le cahier bleu (13) - Se jeter dans le vide

Vendredi le 24 août
Je viens à peine de me lever, il est 10heures. J’ai dormi d’un sommeil de plomb. Je me réveille avec le souvenir furtif de mes rêves. Rien d'assez concret pour que je puisse le raconter ici, seulement une vapeur qui traîne, une impression vague d’avoir rêvé de Fous de Bassan, de leur vol magnifique et de leurs chutes dans le vide. Je me demande même si je n’ai pas rêvé que je volais, parce que je sens dans mes jambes et dans mes bras une douleur. Mais bon, c’est peut-être simplement le fait d’avoir marché toute la journée hier en portant un sac à dos.


Marilou est assise à mes pieds, le nez sur mes pieds. Hier elle a passer la soirée à me sentir, essayant de reconnaître les odeurs inconnues sur mes vêtements. Aujourd’hui

24 août plus tard.
J’ai arrêté l’écriture de mon journal au milieu d’une phrase, devant moi par la fenêtre du chalet j’ai vu passer un aigle à tête blanche. Majestueux. Hier, Louis-Charles m’a montré où était leur nid, au sommet d’un grand pin en bordure de la route qui mène à Forillon.  Je suis restée un moment espérant revoir passer, l'un ou l'autre des membres du couple, puis à force de regarder dehors, je me suis dit que je serais mieux sur ma plage pour écrire.

Je me sens bien, pleine de ma journée d’hier. Pourtant, j’avais envie d’être seule aujourd’hui. Juste pour sentir en moi cette énergie nouvelle. C’est drôle, quand tu n’étais pas là, je vivais ma vie pleine de ton absence. Après une journée avec Louis-Charles, je me sens pleine, de sa présence. Je me sens surtout plus belle, plus entière. Vivante. Depuis ce matin je vis chaque moment simplement pour ce qu’il est, que ce soit laver la vaisselle du petit déjeuner, faire mon jogging, ou rester assise sur la plage à regarder les vagues, j’ai l’impression d’être entière et présente. Je

Samedi matin
Une autre phrase non terminée, celle-là parce Marilou et venue me porter un bout de bois, l’air de dire lance-là. On a passé l’après-midi elle et moi à courir comme des enfants à lancer des bouts de bois, à faire peur aux mouettes et aux oiseaux de plage en faisant revoler l’eau à chaque pas . Je suis rentrée peu avant le coucher du soleil, j’ai réchauffé quelques restes et me suis endormie comme une enfant, le nez dans le pelage de ma chienne qui sentait bon, la mer, le musc et le pain chaud.

Je réalise que j’écris en dents de scie, je n’ai plus envie des ces longues périodes à écrire. La vie m’appelle, je me laisse distraire par un oiseau, un rayon de soleil, une envie de jouer dans le sable. J’arrête d’ailleurs d’écrire ici, Louis Charles doit arriver d’un moment à l’autre, on va passer la journée à Percé et à l'Ile Bonaventure.

Et toi, mon Frédéric, tu fais quoi dans ta petite vie ordonnée? Tu sais quoi? Je n'ai pas envie de le savoir. Je me suis branchée dans une zone wi-fi avec mon Iphone, juste assez pour voir ton courriel. Le même qu'à chaque fois que je ne te parlais pas durant plus de 12 jours. Tu es tellement prévisible, 12 jours, c'est la limite de ta corde.  Toujours le même message mi-pathétique, mi l'air de faire comme si rien ne s'était passé. "Allo, ça va? Moi je travaille comme un fou, comme d'habitude, Je vais au bureau de Montréal le 27 août. J'aimerais ça te voir." Lundi le 27 août, je ferai mes adieux à Gaspé qui m'a tant aimée, je ne serai pas disponible pour te refaire les adieux que je t'ai déjà fait.

1 commentaire:

  1. J'aime tellement l'évolution de Véronique... Toujours aussi passionnants tes textes!

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