Le cahier bleu (16) - L'odeur de la mer

Ceci est la suite de Le cahier bleu (15) - Les Fous de Bassan

Dimanche le 26 août, 11 heures le soir

Louis Charles vient de partir. Il a passé la nuit ici. On a fait l’amour. Je ne trouve pas d’autres façon d’expliquer simplement cette soirée. Tu sais quoi? Je viens de m’apercevoir que je ne savais pas ce que c’était faire l’amour avec le corps seulement. Laisser la tête au salon, avec les livres et le chien. Se toucher, lentement, longuement, avec les yeux, avec les mains, avec la bouche et sentir dans nos corps cette vibration comme une musique.

Ce matin on a déjeuné, puis on est retournés à Forillon. On a parlé du soleil qui brillait, de ses reflets sur l’eau, du couple d’aigles qui n’était pas repassé, des Fous de Bassan et de leur double vie, de l'odeur du pin et des premières feuilles d'automne qui apparaissent. On s’est demandé ce qu’on avait envie de manger pour souper et on l’a préparé en riant. Plus tard on a fait l'amour une dernière fois comme pour imprégner dans nos peaux cette énergie nouvelle et puis on s’est dit au revoir.

On ne s’est pas demandé ce que ça signifiait, on ne s’est fait aucune de ces questions compliquées d’adultes sur ce qu’était la nature et le futur de notre relation. Non, rien de ça. On avait soif, on a bu. On s’est arrêtés à la fontaine qui se trouvait devant nous et on a laissé l’eau fraîche couler jusqu’à plus soif.

Demain je fais mes valises pour rentrer chez-moi. J’y mettrais certainement des cailloux, des coquillages et sur ma peau j’emporterai l’odeur de la mer et du sable. Ce soir, je dors une dernière fois au bruit des vagues.




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