Le cahier bleu (4) - La traversée du fleuve


Entre St-Siméon et Rimouski

J’ai roulé jusqu’à St-Siméon pour prendre le traversier. Une fois stationnée sur le pont, j’ai laissé la chienne dans l’auto et je suis montée sur la passerelle supérieure. Il faisait soleil. Un soleil magnifique et le ciel était d’un bleu pur.  Pourtant, ils avaient annoncé de la pluie. Au loin, on voyait une bande de nuages gris vers Québec, là où la pluie s'était probablement attardée.

Le fleuve était paisible, comme un miroir qui aurait reflété les nuages, qui s’étaient cachés pour l’occasion. Au loin, quelques bosses au-dessus de l'eau.  Des marsouins, une mère et ses petits, faisaient quelques sauts avec ses petits, je me suis approchée pour les regarder.

Au milieu du fleuve, j’ai senti comme un tissu qui se déchire, comme des chairs qu’on écartèle. Toi à Québec, nous au milieu et moi sur ce bateau qui m’éloigne de toi. Seule au centre de moi,  pour la première fois depuis longtemps, je ne suis pas vide.

Près de Rimouski, un vent léger s’est levé, laissant de petites vagues sur le fleuve, qui rosissait sous le soleil couchant, comme un frisson sur une peau qui rêvait d’être touchée.

Je m’étais imaginée pathétique, j’étais là, bronzée, heureuse, émue devant tant de beauté.



2 commentaires:

  1. Tes textes sont merveilleux et j'aime y reconnaître les endroits....comme cette partie du fleuve où je me suis retrouvée il y a un peu plus d'une semaine à voile....avec ma petite famille. Nostalgie.

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  2. Je reconnais l'endroit, comme si j'y avais habité depuis des lunes. Ce n'est pourtant pas le cas, je ne fais que conduire des passagers en manque de ces images réelles, de cette flore et cette faune aquatique en demande...

    Je dirais comme Misurlenet, j'aime ce texte et je reviendrai fort certainement... ;-))

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