Le cahier bleu (6) - Journée dans le Bic

Ceci est la suite de Le cahier bleu (5) -Un matin dans le Bic

Les yeux me ferment, Marilou dort déjà, comme si je ne l'avait pas trahie aujourd'hui.

J'aurais bien aimé qu'elle m'accompagne et qu'elle aussi se remplisse les yeux et les narines de mer, de varech, de pin et de vent, mais je l'ai laissée avec regret dans un chenil, pendant que j'allais visiter le parc du Bic. Dommage que les chiens ne soit pas admis dans les parcs. Elle aurait couru sur la plage, essayé d'effrayer les phoques qui se prélassaient sur de grandes roches grises. Je l'aurais appelée pour qu'elle vienne me rejoindre et ça m'aurait empêchée de voir ce père qui enseignait à son fils comment faire rebondir une pierre sur l'eau.

Tu t'es toujours un peu moqué de l'amour que j'ai pour ma chienne. Pourtant, c'est toi qui me l'as offerte. Tu t'es fait prendre à ton propre jeu, mon Frédéric. C'est un secret que vous vous partagez entre hommes. "Achète- lui un chien, elle va arrêter de te demander un enfant.". Sache mon cher, que Marilou n'a jamais remplacé les enfants que je n'ai pas eu avec toi, mais elle a rempli le grand trou que tu as laissé dans ma vie, et , oui, elle est devenue ma plus fidèle amie. Malgré ce que tu penses, ce n'est pas à cause d'elle que je n'ai plus parlé d'avoir un enfant avec toi. Détrompe toi. C'est à cause de toi, de ton absence surtout, que j'ai compris qu'il valait mieux avoir un enfant seule, qu'un enfant avec un père absent.

Avant de rentrer dans la tente, je me suis fait des hot dogs sur le feu que j'ai partagés avec ma compagne de voyage pour me faire pardonner. Évidemment, elle, m'avait pardonnée dès que je l'avais fait monter dans la voiture, mais a accueilli l'offrande avec joie en frappant le sol en terre battue de grands coups de queue.

 La pluie tombe sur le toit de la tente depuis un bout déjà. La nuit risque d'être longue, vaut mieux que j'aille dormir.

La suite sur Le cahier bleu (7) - Après une nuit de pluie

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