Le cahier bleu (7) - Après une nuit de pluie

Ceci est la suite de Le cahier bleu 6 - Journée dans le Bic

Le Bic 16 août, le matin

Quelle nuit horrible. Une pluie sans fin, de celles qui font frémir mêmes les campeurs endurçis .  Et moi, comme une idiote, seule dans une tente à chercher je ne sais quoi. J’aurais voulu que tu sois là. J'aurais voulu me coller sur ton corps chaud pour me rassurer.  À chaque bourrasque, à chaque nouvelle rafale de pluie, j’avais l’impression d’être de plus en plus seule.  Même la présence rassurante de Marilou, n’arrivait pas à remplir le vide laissé par ton absence. Je suis sortie de la tente, j’ai tout laissé sur place et je suis allée au village trouver une auberge où passer la nuit au chaud. .  Dans la tente d’à côté, la famille heureuse jouait au cartes. Je les entendais et chacun de leurs éclats de rire me transperçait en même temps que la pluie et le vent.

Sais-tu ce qui m’a fait le plus chier? C’est de penser que j’ai déjà pu dormir seule une nuit d’orage dans une case en terre au beau milieu de l'Afrique. Avant. Avant que tu installes dans ma vie, cette absence de toi.

Des fois, je me demandes, quand est-ce que je me suis trompée. Quand je t'ai laissé entrer dans ma vie, où quand je suis partie, pour vivre la mienne? Tu m’as dit : « Pars, Véronique, vas voir qui tu es. », J’avais compris entre les lignes : « Je t’attendrai. » On s’aimait, qu'est-ce que j'aurais dû espérer d'autre? 

Quand je suis revenue, tu étais avec elle, dans la vie que tu aurais voulue pour nous. Tu m’as dit « Tu es une oie blanche, moi je suis un pigeon voyageur. ». J’ai compris que tu ne pourrais jamais vivre avec cette épée de Damoclès qu'était pour toi, mon désir de liberté, que tu désirais cette envie de liberté que j'avais, mais ne pourrais vivre avec la peur de perdre ta sédentarité.

On aurait pu arrêter ça là, mais tu es revenu me chercher. J’étais ta drogue, ta ligne de coke dont tu ne pouvais te passer, même si elle te faisait tant de mal.  Je me suis toujours demandé, laquelle de nous deux était ta maîtresse. Avec qui tu trompais ta vie? Avec elle ou avec moi?  Et toi, tu étais quoi pour moi? Je me le suis toujours demandé. J’ai longtemps cru que tu étais mon ancre. Je réalise maintenant que tu étais un boulet qui m’empêchait d’avancer.

Je ne pensais pas écrire si longtemps, mais ces mots que je portais avaient envie de sortir. Je me sens plus légère.  Je termine mon café et je reprends la route, je ne sais pas ce qui m'attend au bout de cette route, mais j'ai envie d'y aller, juste pour voir.






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