On m'a lancé un défi et j'ai accepté

Il y a quelques temps, une fille que j'aime bien lire et qui écrit un blogue ici et ici, a proposé l'idée de se lancer des défis d'écriture de temps à autre, histoire de nous encourager à écrire plus souvent.  J'ai décidé d'accepter le défi, me disant, que de ça me motiverait à sortir de mes habitudes d'écriture et tenter de nouveaux styles de texte


Voici donc le résultat du premier défi, écrire un texte inspiré d'une image (que j'ai insérée dans le texte).  Pour voir les autres textes, il faut aller ici pour le texte de la Citadine et là pour celui de t4nne


La naissance du vague à l’âme
Il y a de cela très longtemps, la Terre et la Mer, ne faisait qu’une.  On l’appelait alors  la Mère.  La Mère prenait soin des humains, les portait en son cœur, les nourrissait, observait avec compassion chacun de leurs  gestes.  Elle aimait quand ils étaient beaux et généreux, quand ils serraient leurs enfants dans leurs bras, quand ils se souciaient les uns des autres, mais la Mère souffrait trop souvent  de les voir s’entredéchirer et se haïr.

Soir après soir, elle venait au même endroit sur une grande plage de sable,  vider son cœur de ces guerres, de ces jalousies, de ces complots et surtout de la haine et de l’hypocrisie dont elle était le témoin.  Elle s’assoyait quand le soleil quittait le ciel, et ouvrait la bouche pour qu’un long cri, tel un ruban infini en sorte.  La Mère laissait sortir toute sa douleur, tout son chagrin et par le fait même celui des femmes qu’elle portait en elle. C’était parfois comme le sanglot sourd d’une enfant négligé, d’autre fois, le cri de souffrance d’une bête blessée ou d’une mère à qui on arrache ses petits

À quoi servent les mots, à quoi sert une complainte, si personne ne les entend.  Le Ciel lassé d’être  le seul témoin de ce chagrin, lui avait offert la pluie et le tonnerre, seuls moyens de communication qu’il possédait.  La colère et le chagrin de la Mère avaient donc été projetés par des gouttes d’eau tombant de ses yeux et par un rugissement de lionne.

Appelée par ces lamentations, la Nuit venait boire la flaque de douleur qui se formait sur l’eau des larmes, comme une tache d’huile.  Comme une mère qui lèche la plaie de son petit, espérant mettre fin au flot de sang,  la Nuit buvait la douleur du monde, prête,  s’il le fallait, à en mourir.   Un matin, lourde de tant de tristesse, elle s’était laissée sombrer dans les larmes, comme un caillou qui disparaît dans une flaque de mercure. 

Elle se serait laissée mourir noyée dans les larmes de la Mère, si le Temps n’était passé tout près.  Le vieil homme avait lancé un grand filet et l’avait délivrée de son sort.  Il avait hoché sa tête de vieillard patient et expliqué à la Nuit, qu’il ne fallait pas être seule dans la tristesse,  qu’elle ne pouvait à elle seule absorber tous les malheurs, que lui aussi, pouvait aider.  


La Nuit avait compris, qu’elle pouvait continuer à écouter les pleurs et boire les larmes solitaires, mais que ce qui permettait à la douleur et au chagrin de disparaître doucement, c’était le filet du Temps.  Ce filet, qui venait de la sortir de l’eau et qui était tissé de chaque amitié, chaque petite attention, chaque main sur l’épaule, chaque « Je suis là », chaque « Où es-tu ? J’arrive»  chaque « Je te comprends ». 

C’est ainsi que la Mère s’était scindée en deux. Ne voulant plus être seule.  Elle devenait la Terre quand il était temps de prendre soin de ses petits, de nourrir les humains, d’assurer la vie, et quand, n’en pouvant plus, elle avait besoin de se bercer doucement, elle serait la Mer, capable de bercer les chagrins. 

C’est ainsi que chaque soir, comme deux sœurs enlacées, la Terre et la Mer,  pleurent ensemble les grands malheurs de l’Univers, sous le regard bienveillant de la Nuit en attendant que le Temps passe. 

C’est pour cette raison que les femmes, les mères surtout, quand elles se trouvent sur une plage à la brunante, enfoncent leurs pieds dans le sable encore chaud du soleil de la journée et tournent leur visage vers la mer. Quand le ciel se pare de cette couleur outremer qui ne dure qu’un instant fugace mais qui estompe les traits du visage, elles laissent couler les larmes des tristesses cachées dans les replis de leur âme.  Doucement, doucement, elles se bercent au son des vagues, jusqu’à prendre le rythme du vague à l’âme qu’elles portent toutes en elles.  La Nuit sourit bienveillante et transforme en étoiles les larmes qui coulent lentement sur les joues et vont rejoindre la Mer en attendant que le Temps les fasse disparaître à jamais.



2 commentaires:

  1. Anonyme, Merci beaucoup ça me touche. Malheureusement comme je ne sais pas qui tu es, je n'ai aucune idée dans quelle direction envoyer ma reconnaissance. Merci quand même!

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